Voici mon histoire la plus longue jamais écrite ! Si on m’avait dit un jour que j’aurai un blog avec des articles avoisinant les 10.000 mots, je n’y aurais pas cru ! Rassurez-vous, j’ai pris le soin de décomposer l’article en chapitres pour vous aider à aller directement sur ce qui vous intéresse.
- L’ORIGINE DE MA QUÊTE SPIRITUELLE
- VISION QUEST : UN RITE DE PASSAGE
- LA LISTE COMPLÈTE DE MES 52 INTENTIONS
- HAMAC ANTI-MOUSTIQUE ET LINGETTES BÉBÉ
- LA VEILLE DE L’EXPERIENCE
- L’EXPERIENCE : JOUR 1
- L’EXPERIENCE : JOUR 2
- L’EXPERIENCE : JOUR 3
- L’EXPERIENCE : JOUR 4
- MES 6 VISIONS (et leurs interprétations)
L’ORIGINE DE MA QUÊTE SPIRITUELLE
Si vous êtes abonnés à ma newsletter « DailyMax » depuis 2020, vous savez que je poursuis une quête axée autour de 7 niveaux énergétiques. Et si vous me suivez depuis plus de 2 ans, alors vous savez à quel point dans la vie tout est possible, et on peut réaliser des changements de vie hallucinants, au rythme d’une petite victoire à la fois (le fameux 1% better every day).
En 2020, j’ai commencé par les 3 premières énergies qui me semblait les plus simples à travailler : bien bouger / bien manger / bien dormir. J’ai lu et testé par moi-même tout ce que je pouvais. Les résultats ont été partiellement bluffants. À 35 ans, j’ai réalisé mes plus beaux exploits sportifs, comme escalader le Mont Blanc, devenir Half Iron Man ou faire 1.000.000 sauts de corde à sauter en 250 jours. Je suis aussi devenu plant-based et ai acquis une efficacité moyenne de sommeil à +95%.
En 2021, je me suis concentré sur les 3 autres energies : respirer, aimer et s’éveiller. Concernant la partie « spiritualité » de ma quête, je n’y suis pas allé avec le dos de la cuillère. Faut avouer que le Mexique est incroyable sur ces sujets. Ici, vous faites des expériences spirituelles comme vous faites du Vélib’ à Paris. Ce pays possède une énergie démentielle, un véritable vortex.
Ma première expérience fût une retraite en silence de 10 jours en Nouvelle-Zélande. À l’époque, c’était l’expérience la plus dingue que j’avais vécu. J’étais loin d’imaginer ce qui allait suivre.
En 2021, tout s’est accéléré en arrivant au Mexique. J’ai découvert les Holotropic Breathwork à Sayulita (j’en parle ici en vidéo). J’ai participé à 6 ateliers en 3 mois, tous plus puissants et libérateurs les uns que les autres.
En réalité, « puissant » est relatif, surtout vis à vis de l’expérience suivante, qui a changé ma vie. Il y a eu un « avant-bufo » et un « après-bufo ». Je vous laisse découvrir pourquoi ci-dessous.
En mai 2021, je tombe sur une vidéo de Loic Le Meur qui explique le principe de la Vision Quest. Je n’avais jamais entendu parler de cette cérémonie. 4 jours seul sans boire, ni manger, en restant dans un carré au milieu de la jungle ? Bizarrement, je me suis senti attiré par l’idée.
Comme il suffit parfois de demander à l’univers pour que les choses s’alignent pour vous, je rencontre une chamane à Oaxaca spécialisée dans le Peyote. Elle me demande si c’est sur ma bucket list car une cérémonie est organisée en novembre dans le Yucatan. Voyant mon intérêt pour la question, elle m’indique qu’il y aura une Vision Quest à faire juste avant. Il n’en fallait pas plus pour booker un retour au Mexique en novembre !
Petite parenthèse sur la cérémonie Peyote. Pour être honnête, je n’avais pas trop d’attente, mais je ne pensais pas que cela serait aussi puissant. Si vous êtes intéressé, n’hésitez pas à me demander l’accès à mon récit.
Vision Quest : un rite de passage
La Vision Quest est un rite de passage « à l’âge adulte » dans certaines cultures amérindiennes. Il fonctionne toujours autour d’un jeûne complet de quatre jours et quatre nuits, seul en pleine nature, dans un endroit sacré choisi par les aînés.
Pendant cette période, le « visionnaire » se retrouve avec lui-même et ses 52 prières (intentions) pour offrir son amour, gratitude, respect et engagement envers toute la communauté dont il/elle fait partie. Les esprits viendront alors à lui/elle avec des visions pour l’aider à trouver un sens à sa vie, son rôle dans la communauté et la meilleure façon de servir son peuple. Cette vision peut prendre plusieurs formes et nécessite un travail d’interprétation spécifique.
Pendant des siècles, la Vision Quest a été le fondement du chemin spirituel dans de nombreuses traditions, avec d’autres pratiques cérémonielles telles que le Temazcal et la « Danse du Soleil » (Sun Dance). Seul dans un sanctuaire naturel, nous cherchons à nous connecter avec notre moi intérieur, avec les forces de la nature, avec le Grand Esprit et à nous permettre de recevoir le cadeau d’une purge profonde de tous les fardeaux de notre vie quotidienne et d’ouvrir nos sens à la voix de notre médecine intérieure. Oui, tout un programme !
Il y a deux groupes pendant la cérémonie. Les visionnaires et les volontaires (groupe de soutien). Pendant les 4 jours, où les visionnaires seront livrés à eux-même dans la jungle, les volontaires vont protéger le camp et maintenir le feu sacré allumé. Ils auront aussi pour mission de chanter, manger/boire et faire des offrandes régulières, dans le but d’équilibrer le travail individuel des visionnaires.
Les points clés :
- Un exercice d’introspection, de volonté, de concentration et de lâcher prise,
- La clarté par l’isolement de la ville, du travail, de la famille et des relations,
- Une réflexion profonde sur notre vie / histoire (ce qui a marché et ce qui n’a pas marché),
- S’abandonner au Grand Esprit en apprenant à faire confiance à soi-même, à la communauté et à l’univers.
Préparation la semaine précédente :
- Réduire son apport calorique à l’approche de la cérémonie (idéalement, un seul repas par jour),
- Réduire le sel et le sucre (voir l’enlever complètement),
- Stopper la viande, le poisson et les produits laitiers (en gros, devenir vegan),
- Pas de sexe, ni masturbation (vous devez conserver votre énergie sexuelle),
- Pas d’alcool, de tabac, de caféine ou drogues.
La liste complète de mes 52 intentions
Vous avez le droit d’avoir deux choses avec vous : votre matériel de camping et vos intentions (prières). Chaque visionnaire doit préparer une liste de 52 intentions, 13 pour chaque direction (Est, Ouest, Sud et Nord). Toutes les directions représentent des archétypes et des énergies spécifiques, auxquelles sont dédiées les prières.
L’intention est très différente du « je veux ». L’intention est un processus profondément énergétique, pour combler le fossé entre ce que nous sommes aujourd’hui (ce que nous montrons aux autres, tous les masques que nous portons) et ce que nous sommes en train de devenir / de grandir.
Tout est question d’équilibre. Trop de tension, on peut se déconnecter de la matière ou de l’esprit. Trop peu de tension, on peut rester uniquement identifié à l’ego et passer quatre jours à souffrir de la faim sans y voir une signification.
Plutôt qu’un long discours, je propose de vous partager mes 52 intentions (cliquez sur l’image ci-dessous). Elles sont évidemment très personnelles et liées à un moment de ma vie. Je pense que le même exercice, il y a 5 ans ou dans 10 ans, donnera forcément un résultat différent. Nous évoluons en permanence (surtout quand ton job est de réaliser tes rêves!).
Hamac anti-moustique et lingettes bébé
Prenons 5 min pour parler matériel car c’est un aspect à ne surtout pas négliger. Maintenant que je suis sorti de la jungle, je peux vous assurer qu’un manque de préparation peut faire de votre Vision Quest un véritable cauchemar…
Tout dépend de l’endroit où vous faites votre Vision Quest. La mienne s’est déroulée dans la jungle de Tulum avec des températures de 16° la nuit à 30° le jour. On était donc sur une ambiance « tropicale », ce qui veut dire qu’une moustiquaire était IN-DIS-PEN-SABLE !
Le but de ces 4 jours est un travail d’introspection et de réflexion sur soi-même, donc il est primordial d’être autant que possible éloigné des sujets logistiques « perturbateurs » (comme les moustiques ou le froid nocturne). Je me suis donc équipé dans un esprit « tropical » pour être sûr de maximiser mes chances de passer un « bon moment ».
- Un hamac de voyage anti-moustique tropic 900
- Un sac de couchage ARPENAZ 20°
- Une tarp « fresh » multi-fonction
- Un oreiller de trekking gonflable MT500 (must have!)
- Un spray répulsif anti-moustique
- Des lingettes nettoyantes « pour bébés »
- Un legging pour la nuit et lutter contre les moustiques
- Une veste chaude pour la nuit et des baskets pour la journée
- Un couteau (au cas où), un briquet et des sacs poubelle
- Et tout le matériels « spirituel » comme les pochons ou les bougies
La quête de vision dans la jungle de Tulum est organisée par Ohtly Yancuic, le cercle de médecine traditionnelle dirigé par Sergio Gaona.
La veille de l’expérience
Ce jour « zéro » commence dans le Coutryard de l’aéroport de Mexico City, où j’ai décidé de passer la nuit en escale. Je suis arrivé la veille à 21h00 le cerveau complètement à l’ouest après avoir dormi 10h00 shooté à la mélatonine (j’ai pris 3 comprimés au lieu de 2 habituels sur les longs courriers). La nuit à l’hôtel sera de courte durée, juste le temps de prendre une douche et dormir 6 heures, que me revoilà parti pour prendre le premier avion pour Cancun.
À Cancun, je suis attendu par Andrei, un biélorusse ne parlant pas un mot d’anglais ou d’espagnol. La scène était comique à voir : 2 chauves regardant droit devant pendant 2 heures sans échanger un mot.
Il est 12h30 quand nous arrivons chez Masha, mon amie rencontrée 2 mois auparavant à Oaxaca (elle aussi biélorusse, mais bilingue anglais), qui a rendu possible cette Vision Quest. Elle m’entend soupirer en sortant de la voiture, ce qui l’a fait rigolé : « Hey Max, bienvenue à Tulum, prêt pour la quest ? ». Franchement, au moment où elle m’a posé la question, j’avais juste envie d’une douche froide et d’une sieste dans une chambre à 19°.
Science Fact : Une température de 18,3 °C dans la chambre est idéale pour le sommeil de la plupart d’entre nous, avec du linge de lit et des habits standard. C’est une information surprenante pour beaucoup de personnes, car cela semble un peu trop froid pour être agréable.
Masha est étonné de me voir si calme, avec une énergie aussi sereine. Certes, j’étais serein à l’idée d’aller m’enfermer dans un hamac, mais j’avais surtout une fatigue colossale, avec le décalage horaire et ces 36 heures de voyage porte à porte.
Pas le temps de se raconter nos vies, on doit vite manger un morceau, car la voiture vient nous chercher dans 1 heure. Dernier contrôle de la checklist pour être sûr de ne rien oublier. Il faut beaucoup de choses pour faire une Vision Quest, dis donc ! Lingettes pour bébé (la douche n’est pas incluse dans le package!), 1 miroir, 1 saumador, 2 bougies, 1 couteau, de la ficelle, 52 bouts de tissus de 4 couleurs (jaune, rouge, bleu et blanc), du copal, du bois, des briquets, 2 vases,…
La voiture est là. On est chargé comme un mulet. 10 min après le départ, une énorme fumée blanche sort du capot. On arrête le véhicule, c’est le système de refroidissement qui a sauté. Faut-il y voir un mauvais présage ?
Quoi qu’il en soit, on s’apprête à vivre bien pire dans quelques heures, on prend tous l’incident à la rigolade.
Masha passe 2/3 coups de fils, quelques minutes plus tard, Adam est là pour nous sauver (à droite sur la photo ci-dessous). Sur le trajet, je lui demande si il a déjà fait un Vision Quest. Il me répond que oui. Je lui demande si il la referait. Il me répond « Why the hell, I will do that ? ». Ok ambiance.
Après 30min de voiture, dont le dernier kilomètre digne d’un Paris-Dakar, on arrive au camp où la grande majorité des volontaires et visionnaires sont là. Ce qui me surprendra toujours dans ce genre d’expérience, c’est le côté « lumineux » des gens qui y participent. Ils sont tous souriants, ce « vrai sourire » que tu vois que trop rarement dans les grandes villes.
On échange rapidement avec les volontaires qui vont nous soutenir pendant ces 4 jours, en maintenant le feu du camp en continue, en chantant des prières et en préparant le repas de fin.
On nous demande d’aller chacun installer son hamac non loin du feu de camp. C’est une très bonne idée ! N’ayant jamais installé de hamac, de tarp ou autres système de camping, j’étais bien content de pouvoir le faire la veille du grand saut. Et oui, à 36 ans, ce sera ma toute première nuit sous les étoiles dans un hamac.
Conseil : coller votre tarp près du hamac pour limiter le risque de pluie à l’intérieur.
Retour au feu de camp, on nous annonce un Temazcal pour purifier notre corps. Je rentre le premier et 15 autres vont suivre. On est serré comme dans une boite à sardines. Heureusement, le toit du Temazcal n’était pas très isolant et la température restera convenable. On fera « deux portes » au lieu des quatre traditionnelles.
Petite pensée pour Nana, en charge de faire brûler le copal sur la pierre de lave, qui fit un geste trop brusque, et me renversa de la « cire brûlante » sur les jambes et mains. Un petit test de plus !
Je me rends compte que je vais pisser très souvent. Inconsciemment depuis ce matin, je bois beaucoup d’eau. Sûrement en prévision du manque à venir. Première « douche » avec lingettes pour bébé. De vous à moi, c’est agréable ! Je repense à mes courses de triathlon où l’on mettait de la vaseline dans les zones « qui frottent » (la preuve en vidéo à 00:22s). Je fais de même avec mes lingettes !
Je regarde ma montre. 17h00. Il fait déjà nuit, c’est dingue ! Il faut dire que cette jungle est particulièrement « touffue ». Masha nous explique comment allumer le Saumador avec le bois de résine, pour y faire brûler le copal. On devra le faire plusieurs fois par jour pour purifier notre endroit. On doit abréger la démonstration car il est 18h00 et il fait (littéralement) nuit noire dans la jungle.
Je prends mon dernier repas : 3 rouleaux de printemps et une grosse salade veggie. En prenant ma dernière bouchée, je me demande si la faim sera un problème pendant ces 4 jours. Et bien sûr, dernier brossage de dents !
Masha est près du feu en train de finaliser ses 52 intentions. Elle m’explique que je dois absolument les faire ce soir. Il ne s’agit pas là d’écrire mes intentions, mais de constituer 52 petits pochons en tissus avec de la sauge à l’intérieur, que tu fermes avec un fil de laine rouge. Tout un programme ! Sauf qu’il est tard, je suis exténué et on voit plus rien. Pire, Marc me dit qu’il a fallu 2 heures pour arriver au bout… Je sens l’énervement monter en moi.
Relax Max, ça va le faire ! Je m’installe près du feu, j’allume ma lampe torche frontale (en espérant que les piles achetées 1 an plus tôt me lâchent pas en plein quest!). Il doit bien y avoir un moyen de « tayloriser » tout ça. 1 min pour le premier pochon. Bonne nouvelle, on serait donc plutôt sur 52 minutes. 45 secondes pour le 5ème pochon. 30 secondes pour le 10ème. Ok Maxime, tu peux le faire en 30min ! Focus !
Alors que je m’apprête à montrer avec fierté mon travail terminé à Masha, un volontaire me propose un bol de riz coco aux amandes grillées. Il sait me prendre par les sentiments. Je le déguste et repart me brosser les dents. Je reviens près du feu pour écouter les chansons des uns et des autres.
Coincidence, j’ai retrouvé les 2 chamanes qui m’avaient initié à mon premier temazcal (mon expérience ici) en janvier dernier. Elle chante avec son bébé dans les bras qui lui tête le sein. Cette petite fille à la tête blonde semble si ancrée, si sauvage, dans son espace naturel qui semble pourtant si loin de ce que l’on pourrait imaginer pour un bébé de son âge. Je trouve ces gens « éveillés », beaux, ils ont quelques chose de vibrant, lumineux, serein, ancré et présent.
20h00. Mes yeux se ferment tout seuls, c’est l’heure du dodo. Je salue tout le monde et part me coucher. 100% fatigué, 50% excité par demain. Je m’endors direct mais je suis réveillé par le froid. Je sors le sac de couchage. J’en profite pour pisser à nouveau. Réveillé à nouveau par le froid. Je sors ma veste et j’en re-profite pour pisser encore. Décidément, je suis plein d’eau ! J’ai dû pisser 6 fois dans la nuit. Je découvre ce moment où tu veux aller pisser, mais tu sais que tu vas devoir sortir du sac de couchage, sortir du hamac, revenir dans le hamac et remettre le sac de couchage. La grosse flemme.
Avant de me rendormir, je me demande pourquoi je suis là, qu’est ce qui pourrait se passer de pire. J’en viens au classement suivant (par ordre décroissant) : la soif, la pluie, l’ennui, les moustiques et la faim. À ce moment là, j’étais loin d’imaginer la puissance d’un escadron de moustique.
L’expérience : Jour 1
Réveil juste avant le soleil. J’attends quelques instants. Pas de bruit dans le camp. Je fonce aux toilettes de fortune pour essayer d’avoir une « grosse commission » avant d’être en pleine nature. Don’t judge me. C’est pile à ce moment là où j’entends crier « Vamonos, Prepárate ». Tout le camp se met en mouvement, et moi je suis sur le trône en plein air. Moment mal choisi Maxime, moment mal choisi…
On désinstalle nos hamacs et tarp (Décathlon, c’est vraiment du bon matos!) Rendez-vous autour du feu. La Vision Quest va officiellement commencer. On honore l’est, l’ouest, le sud, le nord, le ciel, la terre, le feu et l’eau. On se regarde tous les yeux dans les yeux pour réaliser que nous ne serons pas vraiment seuls, nous serons « tous ensemble ».
On quite le camp les uns derrière les autres, en suivant Sergio, sous le rythme des tambours, dans le but d’être placé dans notre « zone de travail ». Premier arrêt, un shaman qui porte l’encens de copal me regarde et me dit : « Hey Max, Ven aquí. Serás el primero. » Surpris qu’il connaisse mon prénom, j’en viens à me demander : « Pourquoi moi en premier ? Est-ce une bonne chose ? Je suis donc le plus prêt du camp si jamais ? Ok ça me va! »
Je reste donc planté là entre « mes deux arbres » à voir le cortège partir lentement mais sûrement. Tout le monde me lance un regard compatissant, certains me prennent dans leurs bras et le dernier me regarde droit dans les yeux « todo, todo, todo ». Je me retourne vers mes deux arbres. Alors que je m’apprête à sortir mon matériel, la grosse commission se fait pressante sans avertissement. Je me retrouve le cul à l’air entre les buissons, seul avec mon envie présente.
Deux choses traversent mon esprit :
- La dernière fois dans cette situation, je devais avoir 5 ans et c’était sous le pommier de mes grands-parents en Bretagne
- Je devais demander la permission à la forêt de m’accueillir. Peut-on considérer cela comme une offrande ?
J’installe mon hamac en prenant mon temps. Je vais souvent me le répéter : « Maxime; prends ton temps, prends biiiiiiiien ton temps ». Il me reste encore 16 heures avant de m’endormir. Ça va être long. Je décide donc de décomposer mes tâches pour y intercaler des pauses, histoire d’étendre la journée au maximum.
Après l’installation du hamac, je tente de me reposer, j’espère même faire une petite sieste et continuer le reste de l’installation ensuite. Mais j’ai peur qu’il pleuve. Et si il pleut ? Vite, finissons l’installation.
// Sortie du hamac //
Je prends la corde pour délimiter « mon espace » sous forme de carré pour représenter les quatre directions et pouvoir y accrocher les 52 pochons « intentions ». Mon mémo technique est JRBB pour (jaune, rouge, bleu et blanc). Par contre, je ne sais plus si cela suit le sens des aiguilles d’une montre ou pas. Pas grave, c’est l’intention qui compte ! (sans jeu de mots bien sûr).
Fier de moi, je prends un moment pour mémoriser ce souvenir dans ma tête et réaliser que je vais passer 4 jours dans ce hamac sans manger ni boire. Soudainement, la fatigue me submerge, mon corps semble se dérober sous moi.
// Retour dans le hamac //
S’en suivra une énorme sieste de 3 à 4 heures. J’ai perdu la notion du temps, mais le soleil semble au zénith à mon réveil. Je me réjouis en me voyant déjà à la mi-journée de la première journée. Il commence à faire chaud. Je n’arrive pas à « rien faire ». J’entrevois quelques améliorations possibles à mon installation.
// Sortie du hamac //
J’essaie de faire brûler le copal mais sans succès. Je tourne en rond. Je m’ennuie. Il fait chaud.
// Retour dans le hamac //
Je constate que la tarp fait effet de garde-chaleur. J’ai beaucoup trop chaud d’un coup. j’enlève mon legging, puis mon short. Je tiens pas en place.
// Sortie du hamac //
Une fois dehors, je transpire, il faut que j’enlève mon tshirt. Mauvaise idée. 3 piqûres de moustiques en 30 secondes.
// Retour dans le hamac //
Pas de moustique mais trop chaud. Quel dilemme ! Je me badigeonne d’anti-moustique et je cherche une activité pour m’occuper. Et si je taillais des bouts de bois ?
// Sortie du hamac //
Je vais même les planter dans le sol pour faire un chemin. Trop d’insectes volants en tout genre. Je renonce. Mais c’est la jungle ici ! Oui, Max tu as bien compris.
// Retour dans le hamac //
Je les observe de l’intérieur par dizaine en train de tenter de percer les mailles de la moustiquaire. C’est perturbant de se sentir mis en cage par des choses si petites. N’ayant pas de solution à la chaleur montante, je décide de l’accepter et de tenter une médiation. Je vais partir en « day-dreaming », en caleçon dans mon hamac. Vous l’avez peut être expérimenté, mais s’endormir dans la chaleur procure des rêves très particuliers. Je vais vivre dans des « gros délires » jusqu’au coucher du soleil. C’est connu dans les Vision Quest, le premier jour, on lâche tous la pression entrainant de longues périodes de siestes.
Dès que les rayons du soleil disparaissent, la température chute drastiquement. Contre tout attente, je me sens bien, calme, sans stress, aucun challenge, aucune contrainte et bizarrement, je ne ressens ni la soif ni la faim. Je prends le temps pour relire mes 52 intentions écrites sur un bout de papier (c’est autorisé par le réglement).
// Sortie du hamac //
La température est redescendue, je sors prendre l’air. Le hamac m’étouffe. J’observe la forêt et l’incroyable bruit du vent sur le haut des arbres comme la caresse d’un géant invisible. Le soleil est enfin tombé, que c’était long ! Le temps est une question de point de vue finalement. La vie passe si vite, à toute allure quand tu regardes le rétroviseur. Je parlais de la Vision Quest il y a 2 mois et me voici dans le hamac.
15min assis sur mon tronc d’arbre, je ne suis plus efficace contre les moustiques qui ont donné le signal de ma position.
// Retour dans le hamac //
On se prépare pour la nuit en espérant que je m’endorme encore d’un coup. Ce fût le cas ! Réveillé en plein nuit noire par les chants chamaniques et les tambours autour du feu de camp. J’entends aussi les sons d’une boite de nuit au loin. Quel contraste entre eux sur le dancefloor et moi dans mon hamac. Je mets mes boules quies et replonge dans ce cocon spatio-temporel où tu ne vois rien, tu n’entends rien, au chaud dans le sac de couchage. Je vais passer toute la nuit semi-éveillé, en alternant phase de rêves lucides et phases éveillées.
Pour une fois, je n’ai pas peur d’être fatigué le lendemain, limite, cela m’arrangerait bien. Je me sens bien, au chaud, paisible, à attendre que le jour se lève. Je vais rester longtemps dans le noir et le silence le plus complet. Sûrement l’un de mes plus beaux moments « présent », où tu fais « un » avec ce qui t’entoure.
L’expérience : Jour 2
Réveil aux aurores. Je ne dois pas être encore bien calé sur le fuseau horaire mexicain. J’attends patiemment que les premiers rayons de soleil pointent le bout de leur nez. Je suis de bonne humeur, on est à 30% de la Vision Quest !
// Sortie du hamac //
Nouvelle pause petite/grosse commission. La dernière ? On est à 34 heures de jeûne. Sans crier gare, j’ai un flash du film Papillon (celui de 2017, pas 1973). Pour ceux qui n’ont pas la référence, je parle du moment où Henri Charrière, surnommé « Papillon Pouce-coupé », est envoyé 2 ans en isolement (voir la scène). Je me mets en tête de trouver ma propre routine !
On se lance dans 100 pompes et des étirements de yoga. Ok ça m’a pris 10min. Il doit être 8 ou 9 heures du matin. La journée va être loooooongue. Je décide de me faire un beau petit jardin dans mon 5m2. Je taille des batons pour créer une petite allée. On sait jamais, si je reçois du monde ! Au bout de 30min, je suis en sueur et affaibli physiquement. Papillon sera pour plus tard.
// Retour dans le hamac //
Je médite. Les chants reprennent au camp et nouveauté, aussi de l’autre côté. Un visionnaire doit avoir pris son tambour. J’ai le droit à un petit concert en quinconce, je m’en réjouis. La chaleur commence à monter.
// Sortie du hamac //
Je re-découvre les joies de marcher pieds nus. Quand avez-vous passer toute une journée à marcher les pieds au contact du sol (le vrai, pas le béton) ? Quand avez-vous passé une journée complète perdu en forêt ? Personnellement, c’est ma première fois. Je tente de refaire un feu dans le Saumador mais sans succès. Le charbon ne veut pas prendre.
Tiens, mon ventre gargouille. Il comprend qu’il n’aura de nourriture de si tôt et qu’il va devoir aller taper dans les graisses (pour info, j’ai perdu 5kgs en 4 jours). On approche des 40 heures de jeûne, j’ai le ventre très plat !
// Retour dans le hamac //
Retour dans mes pensées. J’alterne entre courtes méditations et regard pensif sur la nature. Je remarque que j’ai toujours mon legging et limite froid au pied. Mon corps semble affaibli et se met à préserver son énergie pour les besoins vitaux. Prenons un peu le soleil.
// Sortie du hamac //
Oula, vertiges. Je dois m’assoir. J’essaie de deviner l’heure en fonction du soleil. Impossible. « Si il se lève là-bas, alors on doit être le milieu d’après-midi ». Je me demande quels sont les messages que les esprits vont m’envoyer.
Le premier message est la notion de temps. Il peut être long ou court, cela depend que de nous. Avec des milliers de choses à faire, des réunions « back-to-back », le temps peut être court. Je me revois dire le fameux « Mais où est donc passée ma journée ? ». N’est-ce pas triste finalement de se demander où est passé ce qu’on a de plus précieux ? Je réalise aujourd’hui dans mon hamac aussi que le temps peut être long. Et pourtant, mes journées ont toujours 24 heures.
Le deuxième message est notre profonde déconnexion avec la nature, avec cette planète que nous habitons. Je n’avais jamais regardé la nature comme aujourd’hui, avec des yeux d’enfant. Je n’avais jamais écouter attentivement la nature, avec le bruit du vent sur les feuilles ou le son des oiseaux qui se répondent les uns les autres. Je n’avais jamais regardé un escargot se déplacer, lentement (mais sûrement) de branches en branches ou un papillon danser à travers les rayons du soleil. C’est fascinant de voir toutes ces espèces animales cohabiter en parfaite symbiose, en respectant leur environnement. Ce que nous humains semblons incapables de faire.
Sans transition. Nouvelle pause pipi. Ca m’intrigue de savoir à quel point mon corps peut stocker de l’eau. J’aperçois une chose bouger dans les buissons, je pense au chien du camp. Je siffle. Ah non, pas du tout ! C’est un énorme furet sauvage qui trace son chemin. Autant pour moi.
// Retour dans le hamac //
Le moment redouté de la journée arrive, quand le soleil se positionne pile sur ma tarp et transforme mon hamac en sauna. Je ne peux rester à l’intérieur, même en caleçon. Si je sors, je me fais dévorer par les moustiques. Je repense au film Papillon. Regard furtif sur mon espace autour du hamac. Il doit bien y avoir 10 mêtres de long juste devant. 10×100, ça fait un 1000m ! J’en peux plus d’être allongé dans ce hamac !
// Sortie du hamac //
C’est parti pour 1000m à allure très lente pour ne pas transpirer (et garder mon eau) et ne pas reactiver mon métabolisme. Petite pause de 5 secondes tous les 10 mètres. Je me demande ce que je fais là, à marcher en caleçon sur 10 mètres en pleine jungle mexicaine. La bonne nouvelle : je suis toujours serein, ni soif, ni faim.
Le soleil est passé de l’autre côté, on attaque donc l’après-midi. Les 1000m sont terminées, pas de Strava pour enregistrer la performance. Je m’assoie sur mon tronc d’arbre pour faire descendre ma température. Ok, mauvaise idée. Moustiques.
// Retour dans le hamac //
Franchement, on envoie maintenant des hommes dans l’espace pour faire des selfies mais on est pas capable de produire un anti-moustique efficace. Je suis perplexe.
Je pense souvent à Timeleft et les choix que nous sommes en train de faire. C’est bénéfique de pouvoir réfléchir à tête reposée sans aucune interférence. Des pensées pour ma soeur qui va accoucher d’un jour à l’autre. Si je me concentre sur les énergies, je sens que ce n’est pas encore le cas (j’avais raison). Des pensées pour mon père en pleine convalescence et ma mère seule à la maison.
Le troisième message semble être pour mes addictions (alcool, sucre, caféine et sport). 2 jours dans la jungle me montrent que je suis capable de les contrôler, de les modérer (ce qui semble plus dur que d’arrêter totalement vraisemblablement). Aucune d’entre elles ne me manque. Le soleil est sur le point de disparaitre.
// Sortie du hamac //
Nouvelle pause petite/grosse commission. Qui l’aurai cru ! J’ai beau regarder la position du soleil, je n’ai aucune idée du temps qui passe ou de l’heure qu’il est. C’est si long, je commence à me sentir déshydraté. J’ai les yeux lourds. Je n’ai envie de rien, juste que le frais envahisse la forêt pour m’allonger dans mon sac de couchage et dormir le plus longtemps possible. Demain sera le dernier jour, ils passeront avec un verre d’eau au réveil. Du moins, c’est ce qu’ils ont promis !
// Retour dans le hamac //
Le 4ème message : (ré)apprendre à attendre. Attendre toute la journée que le temps passe. N’est-ce pas quelque chose que nous avons perdu dans notre société actuelle ? Où tout va de plus en plus vite, où nous ne prenons plus le temps de prendre le temps ?
2 heures que je regarde le soleil tomber derrière les arbres. La température chute, je remets mon legging. Je me sens très fatigué et perplexe à la fois. La même question tourne en boucle : pourquoi suis-je là ? La nuit approche. N’arrivant pas à stopper mes pensées, j’ai l’image d’un lion affamé et enfermé dans une cage anti-moustique. Est-ce le début de l’épreuve ? Demain est l’énergie masculine, le jour du « guerrier », le plus difficile.
Cette jungle est un véritable ballet, un orchestre symphonique, avec ses danseurs et ses musiciens. Chacun connait son rôle et sa place. Je mets mon pull, mes chaussettes et prépare le sac de couchage. Je lutte pour ne pas fermer les yeux. À chaque degré de moins, je rentre un peu plus dans le sac de couchage. C’est dingue la différence de température entre le jour et la nuit.
Je m’endors pour des « rêves éveillés » comme lors de mon séjour à Vipassana. L’esprit est si calme, loin de toutes substances perturbantes (alcool, caféine, stress,…) que tu as l’impression de « vivre tes rêves ». Comme sur Netflix, tu choisis le sujet et tu pars sur un long rêve, à la différence près, c’est que tu es l’acteur et non le spectateur !
Je vais ouvrir les yeux une dizaine de fois, ne pouvant distinguer le monde des rêves de la réalité dans cette nuit incroyablement noire. C’est vraiment particulier (mais puissant à la fois) de se sentir acteur de son propre rêve, de pouvoir décider de l’intrigue et des figurants. Je rêve d’évènements dans le futur, serait-ce les fameuses visions tant attendues ?
L’expérience : Jour 3
Je me réveille content de cette belle nuit, la tête dans les nuages. Au niveau musculaire, c’est une autre paire de manche. Passer 85% de la journée allongé dans un hamac vous donne des courbatures sur tout le corps.
// Sortie du hamac //
Nouvelle pause pipi. C’est dingue cette histoire ! Il fait frais et les moustiques dorment, c’est de loin le moment le plus agréable de la journée. Début de la morning routine. 30/20/20/15/15 pushups + étirement de yoga.
Ce matin a un goût particulier. Rien que d’y penser, je salive tout seul. Ce matin, ils sont censés passer voir si tout va bien ET SURTOUT nous proposer un verre d’eau. Noël avant l’heure. J’essaie de ne pas trop y penser et de ne pas avoir d’attentes. Pour cela, je décide de brûler mes 52 intentions (les petits pochons). Le jaune et le rouge ce matin pour finir par le bleu et le blanc cet après-midi. Pour chaque pochon qui brûle, je relis plusieurs fois l’intention associée. Ça brûle super bien dis donc.
J’entends des pas. Oui, c’est eux ! C’est un véritable cortège, ils sont une dizaine. Les deux jeunes shamans s’avancent vers moi, l’un avec un saumador fait de braises et copal, l’autre avec un calumet rempli de tabac. Je ferme les yeux et me laisse faire. Quand je les re-ouvre, quelle surprise… le chef me tend un gobelet avec des morceaux de pommes flottants ! Il me dit « despacito amigo, despacito ». Je m’étais dit que je refuserai pour rester « pur » jusqu’au bout, mais la vue de ces petits bouts de pomme ont écrasé ma résistance d’un seul coup.
Je les regarde partir vers le prochain visionnaire. Je me rassois sur mon tronc d’arbre avec le gobelet dans le creux des mains. Je regarde ces morceaux de pommes avec un grand sourire sur le visage. Aujourd’hui sera une bonne journée ! Une petite gorgée à la fois, je vais déguster ce nectar des dieux (en vrai, c’est juste de l’eau hein).
Retour à brûler mes intentions. Le couteau rape sur la corde, je m’entaille le doigt sévèrement. J’ai parlé trop vite pour la bonne journée. Je me fais un pansement avec l’un des pochons. La chaleur monte, les moustiques se réveillent.
// Retour dans le hamac //
On part sur une énième méditation. What else. J’entends une nouvelle caresse du vent sur le haut des arbres, j’ouvre les yeux, je me revois adolescent, sous le pommier des grands-parents dans leur maison de campagne perdue au milieu du Morbihan. Beau moment. Merci Vision Quest.
Mon coté bipolaire prend le dessus, quelques minutes après, je grogne tout seul dans mon hamac. J’en peux plus de méditer, dormir ou regarder le soleil se coucher. Allons brûler quelque chose.
// Sortie du hamac //
Une nouvelle grosse commission ? Dites-moi pas que c’est pas vrai. C’est fou la capacité de stockage de nos intestins (pause science : L’intestin grêle est la partie la plus longue du tube digestif. Il mesure de 6,5 à 7 mètres de long et se divise en trois parties). Dire que cela fait 65 heures que j’ai rien mangé. Désolé pour ce qui va suivre, mais j’ai trouvé cela fascinant…
10min après ma « défécation », mes matières fécales se retrouvent recouvertes de dizaines de mouches et fourmis. On dirait une mini-usine de déconstruction, où chacun ramène chez soi ce qu’il trouve. La nature est bien faite. Rien ne se perd, tout se transforme, tout le monde sert à quelque chose. Ce qui est loin d’être le cas dans notre société ! Est-ce là le 5ème message de cette Vision Quest ? Humour.
// Retour dans le hamac //
Les premières pensées négatives de ce séjour « paradisiaque » pénètrent mon esprit. Mon égo veut reprendre le contrôle de la situation. « T’en as pas marre sérieux ? Viens on abandonne, le camp est juste à côté. 3 jours, ça suffit non ? On va jamais tenir jusqu’à demain ». J’applique les enseignements Vipassana. J’observe mes pensées, je les détache de moi car elles ne sont pas « moi ». Je respire profondément et matérialise des pensées positives. Je sais pourquoi je suis là et on ira jusqu’au bout. Bye Bye Ego, not today.
Après les moustiques, le manque de repère temporel est le plus dur. Sans les repas pour entre-couper la journée ou une montre pour avoir l’heure, tu es complètement perdu. Je n’ai plus soif, plus faim, aucun repère.
Des nuages blancs cachent le soleil. Je me mets à espérer qu’il pleuve, histoire d’avoir un peu d’animation. Ou comme le dit mon ami Nacer : « pour avoir le package all-inclusive de l’expérience ». Flash de l’angoisse. Et si le soleil sur le hamac voulait dire midi plutôt que 16h00 ? Ca veut dire qu’il reste encore toute une demi-journée ? Sortez moi de là !
// Sortie du hamac //
Petit 100x10m. Fatiguons nous, mais pas trop, pour bien dormir ce soir. Le soleil est toujours sur le hamac, donc je n’ai pas le choix de toute façon. Je veille à ne pas transpirer (je pense au distille, la tenue portée par les Fremen dans Dune de Frank Herbert). Je marche tel un zombie de 3ème âge. En passant, je ne sais pas si le sport est interdit pendant une Vision Quest. En même temps, on doit pas être nombreux à vouloir essayer, voir y penser.
Sur chacun de mes 10 mètres de marche du prisonnier, je regarde l’incroyable travail de décomposition des mouches sur ma grosse commission. Fascinant, il ne reste quasiment plus rien. 1000 mètres plus tard, le soleil est encore à moitié sur ma tarp. Apprendre à attendre. Je suis en caleçon et baskets au milieu de la jungle. Je fixe la ligne d’horizon du soleil qui ne bouge pas. Tout va bien. Coup de lingette bébé sur les zones de frottements.
// Retour dans le hamac //
Les moustiques tentent encore des percées dans les mailles du filet. Sans moustiquaire, la Vision Quest serait du suicide ! Malgré ma sécurité à l’intérieur, je me sens obligé d’être sur le qui-vive dès que le bruit du moustique se rapproche de mes oreilles. Comme un chien égaré, je regarde le soleil à travers les arbres qui ne bougent pas.
Méditation. Pour ma grand-mère. Ma soeur et sa futur fille. Mon père et sa convalescence. Ma mère et sa force de caractère. Mes proches. Mon associé. Timeleft. Je vais avoir 37 ans le mois prochain (13 décembre les amis!). Quand je regarde mes bras tatoués, je réalise la chance que j’ai, tous ces privilèges reçus (lire le magnifique « Outliners » de Malcolm Gladwell), toute cette vie à l’intérieur de chaque petit point. Je vis mes rêves depuis 2 ans. Je n’ai jamais été aussi heureux, aligné et éveillé qu’aujourd’hui. Certes, il me manque toujours la femme qui voudra partager sa vie avec moi, mais je me sens plus prêt que jamais. J’apprends maintenant de chaque relation, je corrige les défauts que je ne voyais pas et surtout, j’affirme maintenant clairement ce que je veux (et ce que je ne veux plus).
C’est sans hésiter, le jour le plus long. J’ai l’impression que le soleil est bloqué dans le ciel. Je repense au meme « how to slow time », et je rigole tout seul en imaginant la version « vision quest ». La température baisse.
// Sortie du hamac //
Petit « zombie walk » de 100x10m. Plus simple que ce matin. Je garde un rythme lent, juste avant de sentir la transpiration. Rapide regard sur le ciel nuageux, je souhaite toujours un moment « pluie ». Blague à part, j’en reviens pas qu’il fasse encore jour. Peut être que le temps est arrêté et je suis obligé de rester ici indéfiniment ? Les moustiques me rappellent à l’ordre.
// Retour dans le hamac //
J’espère dormir comme un bébé et me réveiller avec la lumière du jour. J’ai tout fait pour aujourd’hui. Je regarde mes bras, mais pour apprécier les dizaines de piqûres de moustiques cette fois. J’ai des boutons rouges de toutes les tailles. Des gouttes tombent sur le hamac. Génial ! De l’animation.
// Sortie du hamac //
Je range mes affaires et je remet la tarp en place. J’attends la pluie avec le sourire, comme un enfant, espérant secrètement assister à un énorme déluge. 5 minutes passent. Rien. Fausse alerte. Ascenseur émotionnel.
// Retour dans le hamac //
« Allez Maxime, encore une nuit et c’est fini. Tiens bon! » Je me demande ce qui a été le plus dur. En numéro 1 sans hésiter : les moustiques qui t’obligent à t’enfermer dans ton hamac toute la journée. Ensuite sûrement l’ennui, ne pas savoir si le temps passe, l’impression d’être en suspension dans un univers parallèle. Contre toute attente, la faim, la solitude et la soif, ne font pas partie des difficultés de l’expérience (pour moi).
En parlant de solitude, que de chemin parcouru ! Quand je suis parti à la conquête de mes rêves le lendemain de Noël 2019, je partais avec un gros fardeau en moi : la peur d’être seul, la peur de ne jamais être « assez » pour être aimé. Pendant 15 ans, j’ai combattu ce mal en créant du bruit superficiel autour de moi. J’ai rempli ce grand vide par des milliers de relations éphémères, ne voyant pas que la réponse à mon malheur était en moi et non à l’extérieur. Quand je suis parti à Sydney, j’étais excité mais apeuré par ce grand saut. Me retrouver seul à 17.000km, seul, sans personne ni repère. J’ai souvent pleuré dans ma chambre d’hôtel ou noyé mon chagrin dans l’alcool. Je ne vais pas m’étaler sur le sujet, car ce n’est pas l’objet de cette histoire. Mais si le sujet vous parle ou que vous êtes dans le même cas, sachez que vous n’êtes pas seul.e et que cela peut changer. J’en suis la preuve. La première étape de cette longue bataille fût le départ à l’étranger, suivi des 10 jours à Vipassana et du tour de la Nouvelle-Zélande seul en vélo. Ensuite les ateliers de respiration à Sayulita et bien sûr, le clou du spectacle : mon expérience Bufo Alvarius. Ce sont donc des mois de travail sur moi-même qui m’ont permis de passer sereinement ces 4 jours dans un hamac anti-moustique. Le plus beau message de cette Vision Quest.
Trêve de bavardages, la nuit arrive ! Je parle à voix haute pour la première fois depuis le début de l’expérience. Je remercie les esprits pour leurs messages, la jungle et les animaux pour leur accueil. 72 heures que je jeûne en silence. Dingue. Ma voisine se remet à chanter. Elle a raison, célébrons ce moment. 3ème jour. Energie masculine. Le warrior qui sommeille en nous tous.
Bizarrement, j’ai très chaud d’un coup. Impossible de rentrer dans le sac de couchage sans transpirer. Je m’endors. Nouveau rêve lucide. Réveillé par le froid, je rentre dans le sac de couchage. Je décide de reprendre le rêve où je l’avais laissé. Je vais me réveiller plusieurs fois dans la nuit, mais sans perdre le fil de mon rêve. Ça marche ! Je ne savais pas que l’on pouvait faire cela.
L’expérience : Jour 4
Réveil dans l’obscurité. Je peux voir le bout du hamac, donc le jour devrait arriver d’une minute à l’autre. Ca y est Maxime, tu l’as fait ! Une nouvelle fois, tu t’es prouvé que tu étais capable d’aller au bout de tes rêves.
// Sortie du hamac //
Encore envie de pisser ? Mais c’est dingue toute cette eau.
// Retour dans le hamac //
Sourire aux oreilles. Hâte de remballer ma cage anti-moustique, retrouver des sourires et boire de l’eau aux morceaux de pommes. Je me sens bien. Faible physiquement, mais bien. Très bien même. Le soleil est là.
// Sortie du hamac //
Il est temps de plier bagages et de retrouver la civilisation. Je regarde mon installation une dernière fois. Grande inspiration. Je me lance dans la désinstallation. 30min plus tard, je suis prêt avec mon backpack, assis sur mon tronc d’arbre, excité comme un écolier qui attend le bus scolaire pour le premier jour des classes. Malheureusement, mon excitation va vite retomber. Le temps passe mais rien ne bouge au camp. Me sachant si près du but, ma patience est très limitée.
Je me lève pour tenter de déceler des mouvements à travers la jungle. Rien. Je me rassois et je grogne tout seul. Je marche un peu. Je me rassois. Mais que font-ils ? Ils se mettent à chanter, c’est bon signe. Je perçois des mouvements, de l’agitation. Le sourire revient. Tiens, ils ne chantent plus. C’est une blague ? Ah non, c’est bon, ils arrivent ! YES !
Un véritable cortège pour ma libération. Toujours le même rituel avec le copal et le tabac. On m’explique que l’on va suivre le même chemin qu’au premier jour pour récupérer tout le monde un par un. SIR YES SIR, on ne laisse personne derrière.
Chaque mouvement pour me frayer un chemin dans la jungle me demande de l’effort, une forte concentration pour éviter toute dépense d’énergie inutile. On finit pas récupérer tout le monde en 30min. Les volontaires portent nos backpacks, qui semblent peser bien plus lourd qu’à l’arrivée. Tout le monde a le sourire en voyant arriver le cortège, malgré une fatigue visible sur les visages creusés.
Retour au camp. Tous en cercle autour du feu qui brûle depuis 4 jours non-stop, je réalise le sens du mot « communauté ». Sergio prononce un rapide discours et nous invite à rentrer dans le Temazcal pour clôturer la Vision Quest. Quoi encore ? Sans eau avant ? Ok, je ne suis plus à ça près de toute facon. On se sert tous dans le Temazcal. Les visages ont changé. Certains sont devenus sombres, d’autres ont les larmes aux yeux. Les émotions ont besoin de sortir. Je me demandais pourquoi une fille pleurait souvent depuis le début de l’aventure, j’ai appris qu’un membre de la communauté était mort la semaine de notre départ dans la jungle. Un des visionnaires a eu une ingestion alimentaire la veille du premier jour, il a été malade comme un chien pendant toute sa Vision Quest. Je n’ose pas imaginer la difficulté supplémentaire (enfin si un peu).
À notre sortie du Temazcal, on nous aide à nous relever et on nous donne ENFIN le verre d’eau tant attendu. Des plateaux de fruits frais & amandes sont aussi présents. Chaque gorgée d’eau est un pur délice. Je décide de m’éloigner des fruits pour viser les 4 jours complets de fasting, soit 96 heures. D’après mes calculs, je suis à 90 heures. Si je ne vois pas les fruits, je ne les mangerai pas.
Sergio nous appelle une dernière fois autour du feu pour que chacun puisse exprimer ses ressentis à tour de rôle. Tout le monde a vécu une forte expérience et semble transformé. J’ai partagé mes 3 messages principaux au groupe : Le temps est relatif, à toi d’en faire ce que tu veux; nous sommes complètement déconnectés de la nature et mon chemin parcouru en tant que « ex-jeune-homme-à-la-peur-d’être-seul ».
Sergio se lève, prononce son dernier discours et jette une bouquet de fleurs sur le feu. La Vision Quest est officiellement terminée. D’un coup, tout le monde s’active pour ranger ses affaires et le camp. On sent l’envie présente de retrouver le coeur de Tulum pour une bonne douche ! Je m’active aussi, mais un vertige me rappelle à l’ordre. J’ai des bouffées de chaleur, je me sens tout pâle. Je craque à la vue d’une banane plantain grillée au feu de bois. Un jeûne de 91 heures sera très bien pour cette première fois.
Sortie de la jungle. 15min en plein soleil avec les backpacks et le matériel. I NEED ENERGY ! La banane était une bonne idée. 30min plus tard, nous sommes dans le coeur de Tulum au centre Botanica pour « vraiment casser le jeûne » ensemble. Au programme : soupe veggie, tortillas, riz blanc et fruits frais. Tout le monde se met au travail pour préparer le buffet. Je déverrouille mon iPhone pour prévenir mes proches que tout va bien. Je prends une douche (OH-MY-GOD) à coté de la piscine et je me roule une tortilla. Ca sera tout pour moi, à vous le studio.
Mes 6 visions (et leurs interprétations)
Je préfère vous prévenir tout de suite, il n’est pas question de « visions « psychédéliques » ou « transcendantes ». Seul.e dans ton hamac, tu ne vas pas voir un ange descendre du ciel ou parler aux animaux de la forêt. Si tu recherches des sensations fortes, je te recommande de lire :
- Mon retour d’expérience sur les cérémonies Peyote et Bufo Alvarius
- Les 4 éléments à connaître pour une bonne expérience psychédélique (et non un bad trip)
- Voyage aux confins de l’esprit de Michael Pollan
Je vous l’accorde, le titre « Vision Quest » peut porter à confusion. Mais je vous l’assure, ici pas de vision, mais des « messages » à interpréter. Si vous avez pris le temps (et je vous remercie!) de lire mon récit en entier, vous savez de quoi je vais parler. Si vous avez sauté directement à la conclusion (je ne vous en veux pas!), il s’agit « simplement » de pensées ou moment de clarté, upgradé au rang de « vision ».
En d’autres mots, la Vision Quest est un moment d’introspection où vous passez LI-TTE-RA-LE-MENT votre journée à réfléchir. Au bout d’un moment, sans boire, ni manger, ni café, ni quoi que ce soit, votre esprit devient plus « clair » et vous prenez le temps de vous poser les bonnes questions. C’est là que les « messages » apparaissent. Laissez-moi vous partager les miens:
1/ Le temps passe plus vite qu’on le pense
Dans la théorie de la relativité d’Einstein, la dilatation du temps décrit un effet de la relativité restreinte, où une différence du temps écoulé entre deux événements est mesurée par des observateurs qui se déplacent l’un par rapport à l’autre. Les mesures diffèrent selon leur proximité d’une masse gravitationnelle. Fondamentalement, il indique que plus nous allons vite, plus le temps est affecté.
Mon niveau de compétence en physique s’est arrêté au niveau du bac, donc je n’irai pas plus loin. En revanche, cette Vision Quest m’a permis de réaliser, une nouvelle fois, que le temps est relatif. Nous sommes conditionnés dans notre société actuelle à « accélérer » le temps qui passe, à remplir nos journées de réunions et interactions, à « faire » plutôt que « être » (je sais de quoi je parle!).
Pendant 15 ans, j’étais fier d’être un « CEO busy », d’avoir des réunions « back-to-back » et de poster sur mes réseaux sociaux à 23h12 des phrases du genre « mais où est donc passée ma journée ? ». En clair, je valorisais le fait de ne pas avoir de temps. Je cultivais cette envie de ne pas voir le temps passé. Mais finalement, cela ne revient-il pas à vivre la vie sans prendre le temps de regarder le paysage ?
En 2019, j’avais été particulièrement touché par le livre « Deep Work: Rules for Focused Success in a Distracted World » de Cal Newport. Mais incapable de mettre en pratique les enseignements, malgré une forte conviction de leurs bienfaits. En d’autres termes, le travail en profondeur est comme un superpouvoir dans notre économie toujours plus rapide et concurrentielle. Et pourtant… nous avons perdu cette capacité. 3 ans plus tard, après 90 heures allongé dans un hamac, je pense (enfin) comprendre comment mettre cela en place dans mon quotidien.
2/ Nous sommes (complètement) déconnecté de la nature
En relisant mon récit, je prends conscience de l’ampleur de cette déconnection. Il aura fallu 36 ans pour que je me retrouve à dormir en pleine nature pour la première fois. J’imagine que cela peut paraitre ridicule pour nombreux d’entre vous, voire peut-être invraisemblable pour certains.
Je ne suis pourtant qu’un enfant de banlieue parisienne avec une enfance tout à fait normale (et plus aisée que la moyenne). J’ai simplement dû louper toutes les occasions qui se sont présentées à moi. À noter : j’ai eu la chance d’avoir des grands-parents avec une maison de campagne en Bretagne, près d’une grande forêt, où j’ai pu passer de nombreuses après-midi à jouer avec mes cousins.
Néanmoins, la déconnection avec la nature s’est faite rapidement vers la fin de l’adolescence. Ce moment où les filles, les jeux vidéos et Internet ont remplacé sans aucune difficulté toutes les activités « nature ». À 18 ans, je me suis enfermé dans une vie parisienne, pour n’en sortir que 15 ans plus tard, par la force des choses. Encore merci TF1 !
Je repense à cette citation issue de l’incroyable livre de Michael Pollan sur les psychédéliques. La vision des champignons par Paul Stamets est « mind-blowing ». J’ai relu plusieurs fois la citation pour comprendre ce qu’il voyait. Et si la réponse aux problèmes dont nous faisons face écologiquement était donné par la nature, celle qui subit directement le préjudice ?
Stamets dilated on the idea of psilocybin as a chemical messenger sent from Earth, and how we had been elected, by virtue of the gift of consciousness and language, to hear its call and act before it’s too late. “Plants and mushrooms have intelligence, and they want us to take care of the environment, and so they communicate that to us in a way we can understand.” Why us? “We humans are the most populous bipedal organisms walking around, so some plants and fungi are especially interested in enlisting our support. I think they have a consciousness and are constantly trying to direct our evolution by speaking out to us biochemically. We just need to be better listeners.”
« How to change your mind » de Michael Pollan
Si c’est le cas, et au vu des catastrophes qui arrivent, même si ce n’est pas, il serait bon de rester connecter avec la planète. Le challenge est de taille car tout est designé de nos jours pour nous en déconnecter…
3/ Mes addictions (alcool, sucre, caféine et sport).
Nous avons tous au moins une addiction. Que ce soit notre téléphone, le sucre, le café, l’alcool ou (la pire de tous) la cigarette. Je pense aussi que nous ne choisissons pas consciemment nos addictions. C’est au rythme d’un glissement lent et invisible qu’on se retrouve un jour pris au piège. Personnellement, je possède 4 addictions conscientes, c’est à dire, dont je reconnais la présence et je l’assume.
La première est le sport (avec mes 10 à 16h par semaine). Je n’arrive plus à concevoir une journée sans sport. Je me sens mal dans mon corps si je lui offre pas au minimum 30 minutes intensives. Et malgré, un physique largement au dessus des standards (189cm / 83kgs / 15% bodyfat), je ne me trouve jamais « assez bien ». J’en parle timidement dans ma newsletter #78.
La deuxième est le café (ou plutôt la caféine) Je bois 2 à 3 mugs de café filtre (si possible V60), soit le plus caféiné des cafés. Lorsque je me vois chambouler mon agenda si je ne trouve pas de café au réveil, je réalise l’emprise de ce beuvrage sur mon corps et mon esprit.
La troisième est l’alcool (ou plutôt le vin). Au 1er novembre 2020, je pensais avoir vaincu ce vieux démon (explications dans ma newsletter #087), mais finalement le succès fût de courte durée.
La quatrième est mon iPhone (où plutôt Instagram). J’ai essayé, toutes les techniques possibles et imaginables pour vaincre mon iPhone. Il revient toujours en force dans mes journées (3h30 à 4h par jour).
Si on regarde dans le détail, Instagram représente en moyenne 25% du temps passé sur mon iPhone ! J’ai tenté de nombreux systèmes « anti Instagram ». idem, sans succès.
Tout cela pour dire, qu’après 90 heures dans un hamac sans boire, ni manger, ni iPhone, rien n’est venu à manquer. Je pense avoir gagné une petite victoire : réaliser que c’est possible de s’en passer ! Maintenant, reste à savoir comment implémenter cela dans les prochains jours.
4/ (re)apprendre à attendre
Dans un monde qui va de plus en plus vite, n’est-ce pas une force d’apprendre à ralentir ? J’ai l’impression que c’est une tendance de fond qui emerge de partout, du yoga aux retraites en tout genre en passant par les livres de développements personnels (type « Deep Work« ). On est en plein dans le retour du « Slow ».
La Vision Quest doit être le moyen le plus efficace de comprendre qu’on s’est perdu dans notre société actuelle. Entre nos réunions « back-to-backs », les services de livraison en 15min et nos 500 notifications par jour, nous sommes dans une spirale infernale qui nous épuisent chaque jour un peu plus.
Tout comme le reste, nous sommes conditionnés par design à subir cette accélération de nos vies. Je n’ai pas de solutions à proposer, juste un constat flagrant à partager, issue de 4 jours passés entre deux arbres.
5/ La fin de la peur d’être seul
Je pourrai vous parler de ce sujet pendant des heures, mais cela n’est pas le sujet de cet article (du moins pas en totalité), je vais donc tacher de faire court.Mon plus gros « fardeau » en partant à la conquête de mes rêves fin 2019, fût la peur d’être seul, la peur de ne jamais être « assez » (bien) pour être aimé.
J’ai mis les deux pieds dans le plat en prenant un ticket aller-simple pour Sydney après Noël. Seul dans un pays que je ne connaissais pas, à +17000km de distance mes proches, je n’ai pas eu le choix que d’affronter le problème. Voyant que je déprimais (et buvait) seul dans ma chambre, j’ai décidé de passer à l’étape du dessus : 10 jours en silence dans une retraite vipassana + 12 jours seul en vélo autour de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande. Grosse claque dans la gueule.
C’est le Mexique qui apportera le coup de marteau final : 6 Holotropic Breathwork à Sayulita (j’en parle ici en vidéo) + mon expérience « Bufo Alvarius ». Je suis sorti complètement libéré de ce fardeau. 4 mois plus tard, je passe 4 jours seul dans la jungle sans penser une seule fois à la solitude ou la peur d’être seul. On peut appeler cela une belle victoire non ?
6/ Relâcher la pression (sur mon corps)
Si vous me suivez depuis plusieurs mois, vous savez que je combats un phénomène très répandu mais peu médiatisé : l’impression de n’être jamais assez bien physiquement. Cela porte le nom de « bigorexie ».
Rassurez-vous, cela va quand même de mieux en mieux. J’ai trouvé mon salue dans la data. J’ai toujours été attentif à mon poids et mon bodyfat comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous qui résume mon évolution sur les 15 dernières années.
Mais c’est le « caloric counting » sur 415 jours non stop (explications en détail ici) qui eut le plus gros impact sur le sujet. J’ai apporté de l’objectivité dans ma nutrition et réalisé à quel point j’avais tout compris de travers. Cela m’a permis ENFIN de m’approcher de ce que je recherchais et VRAIMENT moins me prendre la tête.
Tout cela pour dire, que j’ai observé mon corps changé pendant cette vision quest. Tout d’abord, car il fallait bien s’occuper. Ensuite, car j’ai perdu 5kgs en 4 jours, donc les changements étaient perceptibles à vue d’oeil. Et bien, vous savez quoi ? Je suis sorti de la jungle avec un corps en parfaite santé, tout fin comme il fallait, avec la même masse musculaire qu’au premier jour.
Je me rends compte que je peux laisser mon corps tranquille pendant plusieurs jours et tout ira bien. je me rends compte aussi que c’est « une machine » bien faite, qui s’est se gérer très bien tout seule.
Donc RELAX MAX !
Si vous lisez ces lignes, je vous remercie pour votre temps et j’espère que cela vous donnera envie de faire votre propre Vision Quest. Je ne pense pas qu’une conclusion soit nécessaire au vu de la quantité d’informations que je viens de vous partager.
En revanche, sachez que je suis à votre disposition sur vous avez des questions ! Le moyen le plus simple de me contacter est sur Instagram : @maximebarbier