POURQUOI ?
Tout commence en janvier 2019 lors de mes vacances en Australie avec mon coloc. On joue au billard et on lance un pari : je perds, je dois partir 10 jours seul. Je gagne, il doit poster un contenu par jour sur instagram. A cette époque, voyager seul était pour moi inconcevable (« la peur d’être seul ») et poster des contenus tous les jours tout autant pour mon coloc. J’ai perdu mon pari ce soir là.
« Voyager tout seul sans connaitre personne sur place »
Un an plus tard, je me retrouve à créer ma bucket-list et je repense naturellement à mon pari perdu. Autant faire une pierre deux coups en le rajoutant à ma liste. Sachant qu’on a pris le temps de définir « voyager tout seul » : partir quelque part sans connaitre personne à l’avance (et ne pas utiliser mes réseaux sociaux pour aller à la pêche aux inconnus). Deal !
« Voyager tout seul en Nouvelle-Zélande »
Départ pour l’Australie le 28 décembre 2020 pour 1 mois. Je pars seul mais je connais du monde sur place, donc ça ne compte pas pour notre pari. Au détour d’une discussion avec des français sur place, on me recommande absolument d’aller faire le tour de la Nouvelle-Zélande. Le lendemain, lors de mes recherches pour faire vipassana, je découvre un centre avec de la place en liste d’attente… à une heure d’Auckland (Nouvelle-Zélande). Coincidence ? Si je suis pris, cela fera un bonne raison d’aller dans le pays. « voyager tout seul » devient « voyager tout seul en NZ »
« Voyager tout seul en Nouvelle-Zélande dans un van »
Je rencontre Mickael, le fondateur de l’agence SydneyFacile. Il arrive à me convaincre de faire la Nouvelle-Zélande en Van. Je cite : « Tu vas adorer, tu peux dormir pratiquement ou tu veux, c’est juste magnifique ». À noter que je garde pas un très bon souvenir de ma seule et unique expérience en van.
« Bicker-paker tout seul en Nouvelle-Zélande »
Je me retrouve quelques jours plus tard à visiter la Gold Coast (Sydney > Brisbane). On passe une nuit dans un Airbnb incroyable avec un hôte complètement allumé (dans le bon sens). Je lui parle de la Nouvelle-Zélande et il me sort « Mate, you should absolutely take a fucking bike. It’s amazing over there. The Prime Minister want to have every kiwis on a bike. She is she builds roads all over the damn country ». Imaginez le avec un accent australien prononcé et sa 10ème bière à la main. Vas-y, tu m’as chauffé !
« Bike-packer seul en Nouvelle-Zélande sur 1500km »
Le 4 février, je reçois ma confirmation pour Vipassana. Il faut que je sois prêt dans 10 jours à Auckland. Tout va s’accélérer. Je pensais avoir le temps de préparer mon bike-trip. Mon plan est de prendre 1 semaine pour décompresser après Vipassana et de profiter d’être là-bas pour enchainer avec le bike-trip.
Je prends des conseils auprès de mon ami Stéven, aventurier professionnel (interview ici). J’en parle à mon coach Cyril, qui me prépare à l’Ironman de Nice en juin 2020. Les deux sont synchro : fonce et surtout fait toi plaisir ! Je commence donc à imaginer un petit circuit pour visiter l’île du sud.
Au moment où j’écris ces lignes, je suis à la fin de mon 2ème jour du bike-trip, je me rends compte de toutes les erreurs de préparation commises…
COMMENT ? (en 5 étapes)
STEP 1 > Choisir un endroit et choisir une durée. J’ai choisi la Nouvelle-Zélande et une durée de 2 semaines. Pourquoi ? Je devais retrouver mon amie à Queenstown le weekend suivant vipassana (c’est tombé à l’eau) et les billets d’avion étaient moins chers pour revenir sur Sydney le lundi. Une semaine me semblait trop court et deux semaines me semblaient pas mal ! Cela parait évident, mais le nombre de jours que vous avez à disposition va jouer sur la distance moyenne quotidienne (donc votre road-trip). En gros, si vous avez 10 jours, vous ne pourrez pas faire un road-trip de 2000km. Et réciproquement, si vous voulez faire 1000km, vous ne pourrez pas le faire en 5 jours non plus.
STEP 2 > Vous faire accompagner par une personne qui a déjà réaliser un bike-trip similaire. C’est mon erreur numéro 1. J’ai loué un vélo trop lourd, emmener trop de choses inutiles et manqué de préparation technique.
STEP 3 > Acheter un bon vélo ! Ne faites pas comme moi. Vous allez être sur la route (donc sur la selle) pendant de nombreuses heures. Le vélo est vraiment l’endroit où faire un bon investissement. Après coup, j’aurai dû acheter un bon vélo et le revendre à la fin de mon bike-trip. Vous ne trouverez pas en agence de location ce qu’il faut. Pour ceux qui réfléchissent à prendre un e-bike, c’est canon. Faites très attention à vos distances quotidiennes, car si votre batterie lâche en courte de route, vous êtes vraiment dans la merde.
STEP 4 > Prenez en compte les dénivelés et la météo. Mon erreur a été de baser mes trajets sur la distance sans vraiment prendre en compte les autres paramètres (mon excel disponible ici). Typiquement le premier jour, j’ai commencé avec le col le plus dur de tout le pays. Rien de mieux pour te briser le moral dès le début. La météo est une autre facteur important. Le jour 2, j’ai eu un vent de face de 22km/h. Clairement, ça change tout. Il est compliqué de prévoir la météo, mais vous pouvez sous-estimés vos distances quitte à la ré-ajuster en cours de route.
STEP 5 > Calculez vos points de chutes. Si vous campez, regardez bien si un camping est disponible à la fin de votre trajet prévu. Idem si vous logez (comme moi) dans des airbnbs ou hostels. Par exemple, en Nouvelle-Zélande, vous pouvez avoir aucune habitation ou point de chute sur 80/100km.
JOUR 0 : FAIRE CONNAISSANCE AVEC « FAT BOBBY »
Après de nombreux échanges l’agence de location de vélo « Natural High » basée à Christchurch, le choix s’est arrêté sur un Surly Disc Trucker. Il est très répandu dans les voyages « long distance » grâce à sa résistance hors-norme. Je vais découvrir le jour J que sa « resistance hors-norme » accompagne surtout un joli poids de 15 kgs. On est loin de mon « Madone » de Trek…
Je récupère le vélo la veille du départ. Un petit échauffement ne me fera pas de mal. Surtout après 15 jours sans avoir tourné les jambes. Lorsque l’agence de Queenstown me donne le vélo, je suis à deux doigts de faire un arrêt cardiaque !
Je vais jamais pouvoir transporter cette enclume roulante
Je m’élance pour un petit tour en direction du lac Wakatipu. 30 min plus tard, je commence à sérieusement douter. 60min plus tard, je réfléchis à me faire rembourser. 2 heures et 14 minutes plus tard, je finis mon tour sur les rotules. Mais comment vais-je faire avec mon backpack ?!
Je reviens au magasin de vélo pour demander si tout cela est bien normal. On me réponds que oui. Je surnomme mon vélo « Fat Bobby » et décide de plus penser à demain.
JOUR 1.1 : LE ROI DE LA MONTAGNE (44km en 2h52)
Nuit agitée à me demander si je fais pas une connerie. Réveil à 07h00. Méditation, Morning Pages, 4 min gainage, 100 pushups et douche froide. C’est parti mon kiki ! Tout fier je m’élance dans la descente devant mon airbnb.
Le début est très agréable, je me retrouve rapidement sur un sentier battu. Une vraie ballade du dimanche sur 15 km. En arrivant à Arrow Junction pour prendre « Crown Range Road », je m’arrête pour regarder mon chemin. Des motards à l’arrêt me demandent si je compte vraiment prendre cette route en vélo. Je réponds que oui. Ils rigolent et me souhaitent bon courage. Cela aurait du me mettre la puce à l’oreille…
J’entame la montée sur une pente à 10%. 7 virages plus tard, je suis tout en haut. Lessivé, mais fier de moi ! Je prends même une petite photo pour immortaliser l’exploit.
L’erreur. Je vais me prendre une claque émotionnelle, crescendo sur les 10 km qui vont suivre. 10 km à 10% de moyenne avec un poids total de 30 kgs (vélo + backpack) à transporter. Au 28km, je pense être arrivé en haut, je prends une nouvelle photo et une nouvelle douche froide par la même occasion.
Une pente à 10% avec 30 kgs (vélo + backpack)
En me retournant, je réalise que je suis loin d’avoir fini. Je vais mettre 1 heures pour faire les 2km qui me sépare du col de la montagne. Je dois m’arrêter 3 fois pour faire redescendre mon rythme cardiaque.
Pendant cette ascension, je vais avoir le droit à une discussion mouvementée entre « maxime la win » et « maxime la loose » :
– la loose : « non, mais faut arrêter à un moment, c’est quoi ce challenge à la con sérieux ? Le vélo pèse une tonne, il fait 40 degrés et ce pays est une montagne »
– la win : Ah non, tu commences pas toi. On a commencé, on finit. C’est justement tout l’intérêt du challenger : se dépasser et se retrouver avec soi-même »
– la loose : « Je propose qu’on fasse demi-tour, on rend le vélo et on ne parle plus jamais de cette idée
– la win : « On continue, c’est sûrement le plus dur. Après ça va forcement redescendre ! »
– la loose : « Le vélo est pas bon, on n’y connait rien, on a trop d’affaires, je dis : on abandonne »
– la win : « cette expérience sera une source d’inspiration. Rien de pire que d’arrêter le premier jour ! »
– la loose : « on est à 5km/h. On a 1500km à faire, je vous laisse faire le calcul ? On y est encore à Noël… »
– la win : « Souviens toi de l’enseignement vipassana, ce qui est apparait finira pas disparaitre. Oublie la douleur. Vois le comme un entraînement pour l’ironman »
– Maxime : CHUT ! Je décide et on pédale. Une petite victoire à la fois. Finissons cette ascension.
Ma souffrance est pas terminée. Arrivée en haut, prêt à m’élancer sur la descente, je découvre un vent de face, que dis-je, une tornade. Malgré mon poids et l’apesanteur, si je pédale pas, le vélo s’arrête. Un enfer. Dans la descente, je double une bike-packeuse en vélo. Je crois entendre quelque chose, mais je ne m’arrête pas : « Désolé chérie, mais je veux en finir avec cette montagne, plus que 15km avant le premier restaurant ! »
Fin de la première étape > mon activité sur Strava !
JOUR 1.2 : « Welcome to Hotel Cardrona » (30km en 1h24)
À peine arriver, je commande un coca rouge. Oui, rouge ! Donnez moi du sucre ! Et un plat de nachos. Il était dans la partie « snack » et pourtant tu peux nourrir une famille avec !
Je me rends compte que la bike-packeuse s’est arrêtée au même endroit. On croise nos regards, je me lève pour aller lui parler : « You’re the girl I just passed right ? ». C’est bien elle ! Je lui propose de se joindre à moi pour le déjeuner. Je constate que c’est beaucoup plus facile de rencontrer des gens quand tu es tout seul, et encore plus, lorsque tu es en mode « bike-packeur ».
Elle s’appelle Isabelle et elle vit à Berlin (Décidément…). Elle pratique le « bike-packing » depuis quelques années. Elle est sur la route ici depuis 15 jours maintenant. Elle se dirige vers le nord-ouest comme moi. Elle va me dire deux choses qui vont complètement rebooster mon état d’esprit :
– « Oh you know, what we just did, the « crown range pass » is the hardest thing you can do in the country »
– « The weight of my bike+backpack is also 30kgs. I think every back-packers have the same weight. »
J’ai donc commencé par le plus dur, cela ne peut donc que s’améliorer et je peux arrêter de me plaindre sur le poids du vélo, car tout le monde est pareil.
Merci Isabelle !
J’arrive à 16h00 à mon airbnb, accueilli par une hôte incroyable. Elle m’explique que son ex-mari est un cycliste acharné. Je visite le garage qui ressemble plus à un magasin de vélo ! Elle m’offre une bière puis un verre de rosé. Cela suffit pour calmer mes douleurs ! Je me fais cuire 300 grammes de flocons d’avoine et au lit à 20h00 !
Fin de la deuxième étape : mon activité sur strava !